C’est le 28 juin dernier que le plus virulent et offensif opposant au régime de Libreville installé au sein de la diaspora gabonaise en France a rencontré Ali Bongo Ondimba. Objectif : apporter son expertise auprès du chef de l’État pour améliorer le quotidien des Gabonais.

Par Yann ESSABE

C’est d’un pas alerte et rassurant que l’ancien sénateur du département du Woleu pour le compte du Parti Démocratique Gabonais (PDG) et ex-ministre délégué auprès du ministre des finances, Charles René Mba Ekome, a rencontré, le mardi 28 juin dernier, le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba. Cette rencontre rentre dans le cadre de la politique de la main tendue lancée par Ali Bongo Ondimba à toutes les forces vives de la nation désireuses d’apporter leur expertise au développement du pays. « J’ai informé le Président de la République de ma disponibilité pour tous les projets de développement du pays, au bénéfice des Gabonais », a déclaré Charles René Mba Ekome après avoir salué l’initiative d’Ali Bongo Ondimba de rassembler tous les Gabonais par le dialogue. La division étant source de conflits.

Expert-comptable passé par Elf, Total et PriceWaterhouse, le natif d’Ebeign dans le département du Woleu est devenu dès 2016, un farouche opposant au pouvoir de Libreville après avoir démissionné avec fracas du PDG pour rejoindre Jean Ping, puis l’Union nationale (UN), le parti dans lequel militait aussi le défunt Casimir Oye Mba dont Charles Mba Ekome était le sherpa. Installé à Paris au cœur de la diaspora gabonaise, il n’avait de cesse de pourfendre le pouvoir de Libreville par médias internationaux et réseaux sociaux interposés et lors des rencontres politiques informelles organisées par la diaspora en Europe. Malgré son discours incisif, l’homme est cependant connu pour être pondéré et, surtout, modéré. C'est tout le sens de sa présence au Palais Rénovation et à rebours des jusqu’auboutismes stériles et sans contenu dont le leitmotiv est la haine, l’invective et les appels au chaos, à l’implosion sociale.

Comme Jean Eyeghe Ndong, René Ndemzo’Obiang, Fréderick Massavala Maboumba et tutti quanti hier, Charles Mba Ekome s’inscrit aussi dans la dynamique de la palabre africaine impulsée depuis 2016 par le chef de l’Etat. Pour le bien du Gabon et de sa population. « J’ai compris que ce qui intéresse le chef de l’Etat, c’est l’amélioration des conditions de vie des Gabonais », a-t-il déclaré au sortir de son tête à tête avec le président. Depuis cette rencontre, les supputations vont bon train dans les ors et salons feutrés de la capitale.

D’aucuns n‘hésitent pas à voir derrière cette rencontre, la possibilité d’une nomination au poste de Premier ministre lors du prochain gouvernement ou celui de vice-président de la Républiqu, poste jusqu’alors non pourvu. Originaire du Woleu-Ntem, province considérée frondeuse, son retour aux affaires à travers l’une ou l’autre des fonctions sera un message clair du Président adressé aux fils de cette province dont le leadership fait cruellement défaut aujourd’hui.

Sur un plan plus global, l’entrevue avec Ali Bongo Ondimba est un gage pour les autres acteurs politiques qui, pour de nombreuses raisons, parfois fallacieuses, restent en France et entretiennent des mythes sur le pouvoir de Libreville et sur leur retour au pays. « Charles Mba Ekome est arrivé et reparti libre, alors que ses diatribes contre Libreville sont connues. Certains compatriotes exilés en France devraient suivre son exemple», a affirmé un acteur politique du Landerneau politique gabonais. Nul doute que d’autres acteurs vont suivre l’exemple de Charles Mba Ekome, la route menant au Palais du bord de mer étant pavée de bonnes intentions.