En appelant, lors de son discours de clôture du Congrès de la Renaissance, les militants à prendre d’assaut le terrain, le Distingué Camarade Président (DCP) Ali Bongo Ondimba mesure avec lucidité, plus que d’autres au sein du Parti démocratique gabonais (PDG), l’étendue du travail qui reste à accomplir avant la présidentielle de 2023.

 
Par Yann Essabe
 
Les rideaux du 12ème Congrès ordinaire du parti des masses sont tombés ce samedi 24 décembre 2023 au Stade de l’Amitié d’Angondjé au nord de Libreville avec, en sus, cent cinquante-neuf (159) résolutions issues des travaux des commissions. Ces résolutions sont une compilation des propositions des conseils provinciaux tenus les 3 et 4 décembre.

Outre la reconduction de Steeve Nzegho Dieko au poste de secrétaire général (SG) du Parti démocratique gabonais (PDG), malgré les mauvaises langues qui annonçaient son départ, les mesures fortes du rapport final lu par le camarade Guy Roger Ekazama se résument, au plan de la gouvernance du parti, à deux faits : la suppression de la fonction de membre du bureau politique en complément stratégique et celle du comité permanent du bureau politique.

Le concept creux et vaseux de membre du bureau politique en complément stratégique a souvent été source de conflits de légitimité entre les camarades membres du bureau politique (MBP) choisis et élus par la base militante et les compléments stratégiques nommés voire, dans certaines circonstances, parachutés. Autre suppression voulue, le comité permanent du bureau politique. En cause,  la trop grande concentration entre leurs mains de pouvoir et d’influence.

Selon les congressistes, appuyés en cela par les conclusions des conseils provinciaux et les récriminations des militants lors de la tournée nationale du SG, ces hauts cadres du parti sont, pour la plupart, responsables de l’immobilisme dans les fédérations. Même si les secrétaires nationaux ont une liberté de gestion, à l’épreuve du terrain, c’est l’inverse. Des murs de Berlin et autres murailles de Chine sont dressés devant des initiatives locales, plombant la dynamique du parti  dans les fédérations.

Autre résolution, la lancinante question des cotisations et  du nombre réel des adhérents du PDG. En réponse, un fichier biométrique des militants et un système de recouvrement électronique des cotisations seront mis sur pied. La renaissance et la modernisation tant attendues  du parti passent aussi par la mise en place de système  moderne de sa gestion. Au demeurant, il n‘y a pas eu de fumée blanche. Le DCP Ali Bongo Ondimba n‘ayant pas annoncé sa candidature malgré les multiples appels des militants : « Je ne suis pas sourd. J’ai parfaitement entendu vos appels. Vos nombreux appels concernant l’élection présidentielle », a-t-il répondu. Avant d’ajouter : « Rendons-nous sur le terrain, allons à la rencontre de nos amis, de nos voisins, de nos concitoyens ». Cette invite du Chef de l’État à plus de terrain a du sens. L’erreur serait de croire que « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes » et que l’élection est déjà gagnée.

À ce  travail de terrain, doivent être associés des hommes et des femmes d’exception et d’expérience, rompus à la tâche et connus du cru. Et non des « situationnistes » et autres « générations spontanées » sanglés d’oripeaux de militants. Si « On ne fait pas du neuf avec du vieux » relève « D’un autre temps », comme l’a souligné le SG du PDG Steeve Nzegho Dieko lors de son discours de clôture, il faut désormais transcender la rhétorique et faire place à l’action.

L’inertie actuelle de l’opposition est plutôt à lire comme un volcan en sommeil prêt à rugir. Gare à l’effet de surprise. Plusieurs réalisations à fort impact social et économique du septennat finissant manquent d’échos. Le relais communicationnel ayant fait défaut. Le Président de République Ali Bongo Ondimba regrette à bas bruit devant certains visiteurs que ses réalisations ne sont pas bien expliquées aux populations, donnant ainsi l’impression que rien ne se fait au Gabon. La nomination dans quelques jours des membres du bureau politique (MBP), donnera sans nul doute la mesure des soldats devant défendre le futur candidat naturel du PDG en 2023.