Chers tous,

Par Yolande Bitoli

Je suis passée par Addis. À l'aéroport international de Bole à Addis Abeba, la navette, qui transporte les passagers au sortir de l’avion Ethiopian Airlines pour les conduire en zone d'arrivée, passe lentement à travers la flotte d’avions frappés aux couleurs d’Ethiopian Airlines. Devant cette démonstration de force de la puissance aéronautique du pays l’on est à la fois subjugué mais aussi interrogatif quant au niveau de développement de nos pays respectifs par rapport à une Ethiopie jadis symbole d’une Afrique pauvre, d’une Afrique sans espoir, mendiante, où règnent souffrances et misères en tous genres.

Évidemment, comme une enfant quelque peu triste de voir comment la maison du voisin a si rapidement évolué, alors que dans un passé pas si lointain que cela papa volait au secours de ce dernier en lui apportant pain et eau, l’ego fouetté, je n’ai pas arrêté de me poser des questions. Puis, en prenant de la hauteur, j’ai vu là une raison d'espérer. L'extrême pauvreté féconde des lendemains qui chantent. L’Ethiopie est désormais le symbole de l’Afrique qui gagne, une Afrique conquérante du ciel, d’ici et d’ailleurs.

À Addis, j’ai rencontré un frère du Cameroun dont la structure de santé fait le bonheur de nombreux patients sans ressources. Hôpital Bethesda, Jésus Sauve et Guérit, Mission du Plein Evangile, pouvais-je lire sur la carte de visite qu’il m’a remise. En parlant des défis qu’il s'évertue à relever au quotidien fort de sa foi en Dieu, j’ai compris que la problématique est la même en Afrique centrale. Pour paraphraser Lord Acton, l’argent corrompt, l’amour absolu de l’argent en milieu hospitalier, corrompt absolument. Ce frère a parlé de la multiplication de cliniques privées au détriment des structures publiques, de la facturation d’actes inutiles et superflus, de l’argent érigé en maître roi en milieu hospitalier, du désormais système bien huilé de vol de médicaments des patients par le personnel infirmier… Bref, tout
cela m'était familier.

Alors que ma mère venait de rendre l'âme, lui ai-je raconté, son corps était encore chaud, entre les pleurs de la famille et l'extrême désarroi qui en résultent immédiatement, j’ai vu un infirmier voler des médicaments que nous avions achetés le jour même du décès de maman. Surpris par mon regard, il a quand même continué pensant que, meurtrie par la douleur du départ de maman et les yeux pleins de larmes, je ne voyais pas ce qu’il se passait. Malgré ces maux, l’optimisme béat de ce frère médecin, sa poursuite de la vertu, de l'intégrité, de l'humanité dans la pratique de la médecine ont été pour moi une raison de plus de croire en l’Afrique et à l'immensité de ses potentialités. Il remet Dieu au centre de toute chose. Dieu Est Amour.

L’Amour ne vole point, l’Amour ne spolie point une personne sans ressources, l’Amour ne méprise point le faible. L’Amour voit Dieu en chacun. Nous sommes tous faits à l'image et à la ressemblance de Dieu. Avec une approche aussi christique comment ne pas se sentir rassuré et croire en l’avenir de notre continent ?

Je forme l’espoir que de plus en plus de jeunes, toutes professions confondues, s’inspirent de sa vision, de son approche de la médecine accessible à tous pour qu’enfin nous ayons partout en Afrique des centres de soins à visage humain.