Posté par Alain Moundoumba, le 23 mars 2023
Ils sont les nouvelles « égéries » de la jeunesse gabonaise avec un message commun dans leur musique : la liberté et la consommation des stupéfiants. Surréaliste, cette invite au vice aux allures des hippies modernes pourrait justifier, tout au moins en partie, le niveau de violences et de meurtres attribués aux jeunes.
Par Alain Moundoumba
« J’allume mon speed ». Ce titre au relent hallucinatoire n‘est pas du réalisateur français Cédric Klapisch à qui nous avons volontiers emprunté le titre éponyme de son film « Le péril jeune ». C’est plutôt le titre de l’artiste au nom équivoque de « L’oiseau rare », qui cartonne en ce moment auprès des jeunes. Lui, comme Donzer, Fetty Ndoss, Eboloko et tutti quanti usent du même champ lexical emprunté au Tolli bangando dans le rap pour encourager à la consommation et au commerce du cannabis avec des vidéos plus qu’explicites, tournées dans les quartiers populaires de la capitale. Mais, on ne saurait subsumer le phénomène de violence chez les jeunes à la seule musique. Quoiqu’elle y participe et l’entretient.
De là, peut-on alors dire que la jeunesse gabonaise est mal partie ? La question vaut son pesant d’or. Si pour le sociologue Pierre Bourdieu, « La jeunesse n’est qu’un mot », rien de plus, à contrario, le feu Président Omar Bongo Ondimba a toujours réaffirmé la sacralité de cette jeunesse. Aujourd’hui, on semble loin de cette posture paternelle où des sanctuaires incitatifs ont pourtant été créés pour leur épanouissement social, scolaire, voire professionnel.
Avec une sociabilité réduite à peau de chagrin, des difficultés économiques liées au chômage endémique, les décrochages scolaires et le temps de l’expérience mis entre parenthèses, certains jeunes empruntent désormais des chemins tortueux voire dangereux. Et se créent de nouveaux « héros », des « modèles » que la société leur dénie avec des fortunes diverses.
Ainsi, pour le mois de mars finissant, plusieurs faits divers ont fait les choux gras de la presse locale. Diane Essaune, une employée de la Cnss a reçu une trentaine de coups de couteau de son neveu vers 2h du matin. Selon les informations recueillies de source bien informée, c’est lui qui aurait déposé sa tante aux urgences du CHUL, vraisemblablement après la dissipation des effets des stupéfiants qu’il aurait consommés. Nzeng-Ayong : quatre jeunes ont dénudé et filmé un autre sous la menace d’un couteau.
Bizango : un jeune homme se donne la mort par désespoir pour n‘avoir pas été capable de payer tous les frais d’accouchement de sa compagne. A Medoumou, village situé à 21 kilomètres de Bitam (Nord) dans le département du Ntem, Jean Clair Assoumou a abattu Clotilde Ogoua avec son calibre 12. La victime ne partageait pas les prétentions du jeune homme à l’égard de sa nièce. Enfin, pour être complet, il faut corréler ces faits à l’insécurité ambiante qui règne dans Libreville.
Tous ces cas ont pris effet dans la moitié du mois en cours. Que faire ? La cote d’alerte est largement entamée et les cors sonnés à gorges déployées devant cette tragédie qui questionne l’avenir de notre Nation. Sur le plan politique, la question « jeune » rebondit particulièrement à l’approche des échéances électorales. Or, au fond, il y a une désaffiliation politique de la tranche des 18-20 ans. Une partie importante des jeunes ne se reconnaît aucune proximité avec un parti ou une tendance politique, soit par méconnaissance, soit par désintérêt et peut-être aussi par rejet. Les partis politiques, tous bords confondus, ne faisant pas d’efforts pour inverser la tendance. Malgré autant de déchets, la jeunesse attend toujours un sursaut du politique pour lui épargner le péril.
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23/03/2023 à 21:41
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