Il s’agit notamment de Sébastien Folin, Grace Ly et Rokhaya Diallo qui dénoncent les discriminations dans les médias en France. D’où ils ont lancé cette initiative dont le but est de permettre à tous les Français de toutes origines de pouvoir exercer leur métier de journaliste dans toutes les rédactions, encore à forte coloration blanche.

Plus de 170 journalistes, de presse écrite, web, radio, télévision et photographes, ont signé une tribune qui dénonce le racisme dans les médias. "Les rédactions, de gauche comme de droite, restent en grande majorité blanches, notamment aux postes à responsabilités", peut-on ainsi lire en préambule de cette tribune, qui vise à soutenir les "consœurs et confrères discriminés, exploités et marginalisés en école, en recherche d’emploi, en situation de précarité et en rédaction".

Comme le dénoncent les signataires, parmi lesquels on compte Sébastien Folin, Grace Ly et Rokhaya Diallo, les discriminations commencent généralement dès l'école de journalisme, "où les personnes racisées sont en grande minorité et, de fait, déjà exclues des réseaux de la profession". Un lieu où les blagues racistes sont tenaces, tandis qu'elles se poursuivent par la suite dans le monde du travail.

"Le racisme en rédaction, c’est un chef d’un grand journal parisien qui recommande à l’un de nous de changer de nom pour être plus employable. C’est un collègue, dans un média de gauche, qui s’oppose à un sujet sur le racisme anti-asiatique, car ce serait une nouvelle invention 'pour une communauté qui cherche à exister'. C’est un chef dans la presse professionnelle qui surnomme l’une de nos membres 'la petite beurette'", peut-on ainsi lire dans la tribune.

Des exemples loin d'être "isolés", comme le précisent les signataires, qui, "inspirées par les initiatives de l’Association des journalistes LGBTI (AJLGBTI) et de Prenons la Une créée par des femmes journalistes", ont décidé "d’agir ensemble" et de créer l’Association des journalistes antiracistes et racisés (AJAR). L'occasion également pour eux de s'insurger contre le "climat de violences racistes dans l’espace public", citant comme exemple des journalistes pris pour cible par un média d'extrême droite qui a commenté leur supposée judéité, ou encore, en revenant sur la une, en 2020, du Courrier picard, qui titrait "Alerte jaune" en pleine pandémie de Covid-19 avec l'image d'une femme asiatique.
À travers cette tribune, les signataires appellent "les rédactions et les écoles à prendre leurs responsabilités". "Nous croyons qu’un autre traitement médiatique est possible, respectueux des personnes, donnant la parole aux concernés. Les dynamiques racistes méritent une attention sérieuse et une couverture médiatique exigeante. Cela passe aussi par le recrutement de personnes racisées et pas uniquement celles issues des milieux les plus favorisés", concluent-ils.