Entretien avec le Docteur Yoan Mboussou, Président de l'association Gabon Terre Avenir (GTA)

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Zoom Hebdo : Bonjour Docteur, pourriez-vous vous présenter auprès de nos lecteurs ?

Dr Yoan Mboussou : Bonjour, je suis Yoan Mboussou, médecin microbiologiste spécialisé dans les analyses médicales et l'imagerie oculaire, en particulier l'OCT. Je suis actuellement directeur du cabinet Ecolab et président de l'ONG Gabon Terre d'Avenir, qui œuvre pour le développement durable au Gabon et la participation des communautés traditionnelles à la gestion des forêts.

ZH : En tant que spécialiste de l'imagerie oculaire, quelle serait l'importance de l'OCT et son utilité pour les patients au Gabon ?

YB : L'OCT (tomographie en cohérence optique) est une technologie d'imagerie non invasive qui permet d'obtenir des images détaillées de la rétine. C'est un outil précieux pour diagnostiquer et suivre de nombreuses maladies oculaires, comme la dégénérescence maculaire liée à l'âge, le glaucome et la rétinopathie diabétique.

ZH : Le nom d’Ecolab pour votre cabinet doit-il inspirer une certaine approche médicale ?

YB : J'ai choisi le nom Ecolab pour deux raisons principales. Tout d'abord, "Eco" fait référence à l'écologie, un aspect qui me tient à coeur et qui est étroitement lié à la santé des populations. Ensuite, "Eco" représente également l'économie. La réalité est que la
santé a un coût, et les analyses médicales sont souvent la première étape dans le parcours médical d'un patient. Notre objectif avec Ecolab est de créer une chaîne de laboratoires d'analyses médicales qui garantisse la fiabilité des résultats, la discrétion et la rapidité, tout en proposant des tarifs abordables pour les patients au Gabon.

ZH : Pourriez-vous nous résumer les objectifs et les valeurs de votre ONG Gabon
Terre d'Avenir ?

YB : L'ONG Gabon Terre Avenir œuvre pour promouvoir le développement durable au Gabon et encourager la participation des communautés traditionnelles gabonaises à la gestion durable des forêts et des espaces marins. Elle cherche à renforcer les capacités locales, promouvoir l'éducation et la sensibilisation, et renforcer les partenariats pour assurer la durabilité de son action.

ZH : Quelle est votre vision du Gabon et du devenir de ses traditions ?

YB : Le Gabon possède un énorme potentiel culturel et traditionnel, et je suis de ceux
qui cherchent à adapter nos traditions à l'ère moderne sans les dénaturer. Nos rites
traditionnels sont une source de savoir précieux pour améliorer notre société, créer de
l'économie et apporter un réel savoir-faire "made in Gabon".

ZH : Quelle est votre vision concernant la place des traditions dans la gouvernance
et l'économie gabonaise ?

YB : Au lieu de résumer nos traditions à leur côté folklorique, nous devrions les valoriser et les intégrer dans notre gouvernance, avec la création d’un ministère dédié aux rites, comme déjà observé dans d’autres états à forte croissance économique et de grande influence culturelle (l’Inde en l’occurence avec l’AYUSH). L’État y gagnerais indéniablement sur de multiples
plans.

ZH : Comment percevez-vous la relation entre les traditions gabonaises et l'environnement ?

YB : Les peuples gabonais sont respectueux de l'environnement qui les entoure.
Les communautés traditionnelles devraient participer activement à la protection des forêts, et nous pourrions encore beaucoup apprendre de notre riche patrimoine médicinal. Je plaide pour la création d'une zone pilote expérimentale de droit coutumier près du parc d'Akanda ou nous pourrions réfléchir à repenser un système de gouvernance en accord avec les valeurs Gabonaise

ZH : Parlez-nous du Ndossi Village..

YB : Ndossi Village est un écovillage touristique et participatif situé près du parc naturel d'Akanda au nord de Libreville, offrant des expériences uniques et authentiques en
terme de culture, de nature et d’activités de plein air. C'est un lieu où l'on peut découvrir
l’ensemble de nos rites traditionnels dans un cadre sécurisé. J’ai la chance d’être accompagné dans ce projet par toute ma famille et ma compagne, ce qui le rend d’autant plus passionnant pour moi.

ZH : Nous notons votre attirance pour un courant tradi-moderniste de vos actions.
Pourriez-vous nous en dire plus ?

YB : Le courant tradi-moderne cherche à réconcilier la tradition avec la modernité.
Nous croyons que nos traditions peuvent s'adapter et s'épanouir dans le contexte actuel sans perdre leur essence. Il est crucial de préserver et de valoriser notre héritage
culturel tout en étant ouverts au progrès et aux échanges internationaux.

ZH : En tant que médecin et président d'une ONG, comment conciliez-vous ces
deux aspects de votre vie professionnelle ?

YB : C'est un défi quotidien, mais je crois profondément en l'interconnexion entre la
santé, la culture et l'environnement. En tant que médecin, je me sens responsable de la
santé et du bien-être des Gabonais, et en tant que président de l'ONG Gabon Terre
d’Avenir, de la protection de notre patrimoine vers un avenir durable.

ZH : Comment la médecine traditionnelle gabonaise peut-elle s'intégrer dans un
système de santé moderne et globalisé ?

YB : La médecine traditionnelle a beaucoup à offrir en termes de connaissances et de pratiques ancestrales. Ayant la chance de posséder ses deux casquettes, médecine
du nord et médecine du sud, je peux affirmer sans détour que les deux sont complémentaire. Pour l'intégrer de manière efficace, nous devons d'abord lui permettre d’accéder à des sources de financement, notamment via le système des assurances et des bailleurs de fonds. Cela permettra de la documenter et la valider scientifiquement. Ensuite, nous pourrons la mettre en synergie avec les méthodes médicales modernes et ainsi proposer des approches de soins complémentaires et adaptées aux besoins de nos patients comme le modèle chinois ou le modèle Indien qui a parfaitement intégré les pratiques traditionnelles au parcourt de santé

ZH : Comment Gabon Terre d'Avenir travaille-t-elle avec les communautés traditionnelles pour les impliquer dans la gestion durable des forêts ?

YB : Nous travaillons en étroite collaboration avec les communautés locales pour les sensibiliser à l'importance de la protection des forêts et les aider à développer des pratiques durables. Nous organisons des formations et des ateliers pour renforcer leurs capacités et les soutenir dans la mise en œuvre de projets de gestion durable des ressources forestières.

ZH : Quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés de votre expérience en tant que médecin et président d'une ONG œuvrant pour le développement durable ?

YB : J'ai appris l'importance du travail en équipe, de l'écoute et du dialogue. Chaque
personne, chaque communauté a ses propres besoins, ses propres aspirations et ses
propres connaissances. Il est essentiel de prendre en compte ces spécificités pour
mettre en place des solutions adaptées et durables. De plus, la santé, la culture et l'environnement sont étroitement liés, et il est crucial d'adopter une approche globale et
intégrée pour répondre aux défis auxquels notre pays est confronté.

ZH : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

YB : Chacun d'entre nous peut contribuer, à son niveau, à la préservation de notre patrimoine culturel et environnemental. N'attendez pas demain pour agir et vous impliquer dans la construction d'un avenir meilleur pour notre pays et pour les générations futures. Concentrez vous pour imaginer le Gabon de demain dans lesquels vous voulez voir vos familles prospérer