Par Federica Pascale | EURACTIV.com | Translated by Rayan Temara, le 13 févr. 2023

L’opposition italienne a exhorté la Première ministre Giorgia Meloni à réagir face aux propos de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi qui s’en est pris au président ukrainien Volodymyr Zelensky, l’accusant d’être responsable de la destruction de l’Ukraine.

M. Berlusconi a également demandé à Washington d’intervenir et d’utiliser les fonds pour reconstruire l’Ukraine afin de mettre fin à « l’attaque » de M. Zelensky contre les « deux républiques autonomes du Donbas ».

« Nous assistons à la dévastation de [l’Ukraine] et au massacre de ses soldats et de ses civils », a déclaré M. Berlusconi à Milan.

« Il suffisait qu’il [Volodymyr Zelensky] arrête d’attaquer les deux républiques autonomes du Donbas et rien de cela ne serait arrivé. Donc, je juge très, très négativement le comportement » de M. Zelensky, ce « monsieur », a ajouté M. Berlusconi.

L’ancien Premier ministre italien s’est exprimé devant la presse après avoir voté aux élections régionales de Lombardie à Milan dimanche (12 février).

La semaine dernière, Mme Meloni avait essuyé des critiques de l’opposition et de son propre camp, n’ayant pas été invitée à participer à la réunion de travail organisée par le président français Emmanuel Macron avec Olaf Scholz, le Chancelier allemand, et M. Zelensky.

Devant la presse, M. Berlusconi avait déclaré que, s’il avait été Premier ministre, il n’aurait même pas daigné parler au président ukrainien.

Forza Italia, le parti conservateur de M. Berlusconi, est un membre de la coalition des droites dirigée par Mme Meloni.

Les oppositions vent debout

Mme Meloni doit réagir à ces « paroles inquiétantes » et prendre position, a déclaré la gauche italienne après la déclaration de M. Berlusconi.

« Aujourd’hui, M. Berlusconi s’est rangé du côté de la Russie », a déclaré la présidente des sénateurs du Parti démocratique (PD/S&D), Simona Malpezzi.

« Les déclarations pro-Poutine et anti-Zelensky de M. Berlusconi sont un motif de contradiction retentissante au sein de la coalition sur une question aussi fondamentale que l’aide à l’Ukraine. Ce sont des positions qui isolent l’Italie et affaiblissent le front occidental », a ajouté le sénateur socialiste Enrico Borghi.

« Une invasion de l’Ukraine rapproche la guerre de chez nous. Celui qui aide l’Ukraine travaille pour la paix », a déclaré Mme Meloni lors d’une conférence de presse à Bruxelles après le sommet du Conseil européen.

Fournir des armes à l’Ukraine ne conduira pas à une escalade, comme le menace Moscou, mais constitue plutôt un moyen de parvenir à un « équilibre des forces sur le terrain ».

Mais M. Berlusconi n’est pas d’accord et pointe du doigt le président américain Joe Biden qui, pour « parvenir à la paix », devrait garantir à M. Zelensky un « plan Marshall de plusieurs milliards de dollars » pour reconstruire l’Ukraine, à condition qu’il ordonne immédiatement un cessez-le-feu à son armée.

Dans le cas contraire, les Américains devraient lui refuser des fonds et des armes. « Seule une décision comme celle-ci pourrait convaincre ce ‘monsieur’ d’accepter un cessez-le-feu », a ajouté M. Berlusconi.

M. Berlusconi entretient une longue amitié bien connue avec le président russe Vladimir Poutine, qu’il a décrit comme l’un de ses amis les plus chers.

Un mois après le début de la guerre en Ukraine, il a finalement déclaré qu’il s’agissait d’une « agression militaire inacceptable ». Par la suite, il y a eu un rapprochement avec M. Poutine et un échange de cadeaux avec une « lettre très douce », avait déclaré M. Berlusconi à l’époque.

Silvio Berlusconi a finalement condamné l’invasion russe en octobre, en disant qu’il souhaitait une solution négociée, « qui mette fin à ce massacre et protège les droits du peuple ukrainien ».