Posté par G. Ngoyo-Moussavou, le 6 mai 2024
Par Ngoyo Moussavou
Nous étions, mon épouse, née Chirwisa, et moi-même, venus lui rendre visite et nous enquérir de l’évolution de sa santé. Au moment de prendre congé, il nous confie : “Je suis malade et je souffre beaucoup, retenez cela mes enfants”. Nous avons eu ce jour-là du mal à ne pas écraser une larme. Notre hôte n’est autre que Ya Mboumbou (c’est ainsi que les Gabonais l’appelaient affectueusement), de son vrai nom Antoine de Padoue Mboumbou Miyakou. Nous avons appris avec consternation son décès, le samedi 20 avril 2024, dans sa 87e année.
Au moment où je rédige ces lignes, plongé dans une profonde émotion, il me revient à l’esprit les écrits de feu le Président français Valéry Giscard d’Estaing, quand il évoque dans son livre “Le pouvoir et la vie”, les décès successifs des personnalités publiques qui émaillèrent son unique septennat : “(...) La loi mystérieuse des générations fait qu’elles sont décimées dans certaines périodes davantage que dans d’autres”. Formé à l’école de la rigueur et de la rectitude, Ya Mboumbou est une figure importante de la scène politique gabonaise, qui s’en est allé retrouver tous les autres hauts dignitaires gabonais de sa génération, l’ayant précédé dans l’au-delà.
Mboumbou Miyakou était un oiseau rare du “bongoisme” et du pouvoir pdgiste, qui a marqué l’histoire du Gabon, singulièrement la décennie 1990, qui fut une période très polarisée. Ministre de l’Intérieur, il fit preuve, dans un contexte difficile et troublé, de beaucoup de courage et de placidité dans la gestion des événements post-Conférence nationale, dont les contrecoups avaient sérieusement ébranlé le régime en place.
Dans ce Gabon fragilisé, Mboumbou Miyakou, constamment sur la brèche, a joué un rôle clé, il a été l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Le Président de la République d’alors, feu Omar Bongo Ondimba, appréciait sa compétence, sa loyauté, sa fidélité et son dévouement. C’était un homme de conviction.
Et ce n’est pas demain la veille que le Gabon retrouvera un autre ministre de l’Intérieur de la trempe d’Antoine de Padoue Mboumbou Miyakou, lui qui n’avait pas fait Sciences Po, ni l’X, mais qui connaissait les arcanes de l’administration du bout des doigts, et dont la capacité de travail et d’organisation était impressionnante, ce qui forçait l’admiration même de ceux qui avaient à son égard des sentiments contrastés.
Au-delà de ses accomplissements d’homme politique et public qui ont fortement marqué l’histoire de son temps, et bien que parfois cassant, il ne prenait jamais de haut ses interlocuteurs, il était très attentif aux questions qui lui étaient soumises. Ya Mboumbou laisse de merveilleux souvenirs d’un père de famille dévoué, d’un mari attentionné et aussi d’un homme généreux, drôle, à l’écoute.
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06/05/2024 à 07:18
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